Rencontre au milieu des Moldus [Tonks puis Aaron]

Minerva était venue un dimanche matin sur le chemin de Traverse pour faire quelques emplettes. D'habitude, elle n'aurait jamais quitté le château en période de cours, même un dimanche mais cette fois-ci elle avait vraiment besoin de nouveaux chapeaux, de nouvelles robes et de quelques autres produits, dont un remède fabriqué par l'apothicaire contre les rhumatismes, qui commençaient à se faire sentir quand elle traversait le couloir des cachots. Et puis, passer une journée à Londres lui permettait d'échapper à l'atmosphère lourde et sombre de Poudlard. Mais, Minerva étant une femme consciencieuse, elle avait demandé au Professeur Flitwick de rester dans les couloirs et de la prévenir par Patronus si Rogue ou les Carrow faisaient quelque chose de louche.

Elle traversa le mur de briques, la cour puis le pub, saluant quelques personnes au passage, puis se prépara à entrer côté Moldu. McGonagall était très rigoureuse sur ce point, elle voulait passer parfaitement inaperçue au milieu des Moldus et montrer l'exemple à ses congénères qui ne faisaient pas autant d'efforts qu'elle. Elle agita plusieurs fois sa baguette, envoyant ses courses dans son bureau à Poudlard et changeant sa longue robe verte et son chapeau pointu en robe de dentelles, petits souliers, sac à main et chapeau de feutre mou. Puis elle passa le pas de la porte et se retrouva dans la rue.

Evidemment, elle aurait pu se transformer en chat tigré, mais les Moldus l'auraient pris pour une bête errante et pourchassé et les sorciers éventuellement présents l'auraient peut-être reconnue. Et elle ne tenait pas à se faire remarquer ; elle était devenue quasi-"indésirable" à cause de son amitié pour feu-Dumbledore, malgré son statut respecté au sein de la communauté des sorciers. Celle qui ressemblait à une petite vieille moldue se rendant au marché traversa la rue en direction de la banlieue londonienne. Elle avait rendez-vous au Ministère avec un mystérieux Auror, qui lui avait envoyé une lettre scellée lui spécifiant simplement qu'elle devait lui rendre visite dans les bureaux de la Justice magique.

Serrant fortement sa baguette au fond de son sac à main, McGonagall descendit dans une ruelle sombre, transplana jusque dans cette rue mal famée où se trouvait la cabine de téléphone, entrée des visiteurs au Ministère. Elle allait s'en approcher lorsqu'elle reconnut quelqu'un, qui lui ne l'avait pas reconnue en raison de son accoutrement :

"Tonks ?! Que faites-vous là ?"

Avec toute cette agitation ces derniers temps, Tonks n'avait plus une seule minute pour elle! La jeune auror revenait d'une mission de reconnaissance dans les rues de Londres, et en revenait presque bredouille. Son informateur s'était soit mal renseigné, soit on l'avait découvert et les plans des mangemorts avaient changés!
Quoi qu'il en soit, la sois-disant cave où devait se retrouver quelques mangemorts qu'elle devait prendre en flagrant delits, était vide!
Un sentiment de rage l'avait envahit, et elle était rentrée directement au Ministère, se promettant de tirer par les oreilles son fameux informateur!
Même si elle savait que ramener des mangemorts au Ministère qu'elle aurait pu capturer, ça n'aurait pas servit à grand chose! Elle risquait plus de se retrouver elle même en prison pour avoir arrêter des personnes influentes! Le monde ne tournait plus rond depuis que Dumbledore était mort et que les mangemorts avaient pris le contrôle du Ministère.

Combien de fois s'était-elle dit qu'elle ne retournerait pas au Ministère, puisque de toute façon elle était surveillée, qu'on ne lui accorder presque plus rien, et qu'elle recevait ses ordres de Voldemort indirectement? En risquant sa position, elle savait tout de même qu'elle était utile à l'Ordre et aux pauvres moldus et sorciers recherchés. Voilà des mois en effet qu'elle fournissait clandestinement laisser-passer, faux papiers, fausse identité, etc pour proteger un maximum de gens de la folie des mangemorts...

Quoi qu'il en soit, elle arriva dans la rue où se trouvait la cabine telephonique, son long manteau noir en cuir s'envollant dans une bourasque, dévoillant ses bottes compensés avec lesquelles elle s'imaginait déjà envoyer un grand coup de pied au derrière de son informateur. Ses cheveux étaient encore rouge sang, et elle allait tenter de s'arrêter deux minutes pour respirer et se calmer lorsqu'une voix s'éleva prés d'elle, une voix famillière.
Concentrée sur ses pensées, elle n'avait même pas fait attention à la petite dame moldue qui se tenait prés de la cabine et elle sursauta lorsqu'elle reconnue Mcgonnagal!

"Minerva!! Vous m'avez fait peur! Je travaille ici moi! Et j'allais tirer quelques oreilles! Mais vous! Que faites vous ici? Vous ne devriez pas... Enfin vous savez.... Surveiller le château?" finit-elle par dire tout bas.
Il était rare de croiser la directrice des Griffondors hors du château, hormis les réunions de l'Ordre, mais en plus de la voir ainsi habillée en moldue! C'était plus que surprenant, et cette rencontre innatendue l'en fit presque oublier le pourquoi elle était venue ici!

McGonagall lui sourit, puis elle entraîna la jeune femme loin de la cabine de téléphone, derrière des bennes à ordure. La dernière fois qu'elle avait vu l'Auror, ce devait être pour l'enterrement de Dumbledore, main dans la main avec Lupin. Pour une fois elle avait eu l'air heureuse. Mais à présent elle semblait plutôt furieuse. C'est néanmoins avec courtoisie qu'elle s'adressa à elle :

"Minerva !! Vous m'avez fait peur ! Je travaille ici moi ! Et j'allais tirer quelques oreilles! Mais vous ! Que faites vous ici ? Vous ne devriez pas... Enfin vous savez.... Surveiller le château ?

-Eh bien, nous sommes dimanche, Dora et j'avais quelques petites choses à faire à Londres aujourd'hui. De toute façon ne vous inquiétez pas, Poudlard est sous la surveillance de mes collègues. Je n'abandonnerai jamais les élèves à Rogue et aux Carrow, figurez-vous ! Bien... Mais parlons un peu de vous : comment allez-vous ?"

C'est vrai... C'était dimanche! Tonks ne comptait plus les jours et avait perdu la notion du temps, surtout à force de faire des nuits blanches à traquer et travailler. Elle ne voyait pratiquement plus sa famille ni ses amis! Elle vivait entre le Ministère, le nouveau Q.G. de l'Ordre et les planques.... De quoi faire ternir le teint de son visage en coeur et ses cheveux courts habituellement colorés vivement.
Mais de revoir Minerva en pleine forme lui faisait tout de même chaud au coeur! Apparement elle s'en sortait mieux à Poudlard que Tonks! Elle tenta même de detourner la conversation pour lui remonter un peu le moral:

"Ho vous savez, un peu fatiguée, beaucoup de travail et d'effort pour peu de resultats! J'aurais bien besoin de prendre des vacances! " Chose qui, évidement, semblait inconcevable! Elle ne pouvait decement pas partir avec sa famille loin d'ici et laisser ses amis et tous ces pauvres malheureux sans defenses! Et de toute façon, si personne ne se dressait contre Voldemort et sa clique maintenant, sa haine finirait par se répandre et envahir le monde entier, et il serait trop tard! A l'extréme limite, si Tonks devait quitter le pays, c'était pour aller y chercher du renfort à l'étranger!
Elle avait commencer à prendre contact avec d'autres organisations dont les objectifs étaient sensiblement les même, mais elle attendait toujours une réponse. Vu comme les communications étaient contrôlés et surveillés, et que ces interlocuteurs n'avaient pour l'instant aucun moyen de s'assurer de sa bonne foi, il faudrait effectivement qu'elle songe à se déplacer elle-même. Si on veut que les choses soient bien faites, il faut les faire sois-même! Il n'y a pas de secret! Mais elle ne pourrait partir seule, il lui faudrait du renfort.... Qu'elle comptait bien trouver à la prochaine réunion!
Verifiant qu'il n'y avait pas d'autre oreilles indiscretes dans les parrages, elle ajouta tout bas:
"La prochaine réunion se tiendra mercredi, même heure, même endroit que d'habitude... Faites passer le mot autour de vous!"

La prochaine réunion promettait d'être assez interessante, chaque membre de l'Ordre ayant de nouvelles info à partager, et ainsi ils pourraient mettre en place de nouveaux projets! Ils en auraient bien besoin, car du côté mangemort, ils montaient un peu plus d'actions chaque jours sans que l'Ordre ne puisse intervenir, et leur cruauté ne semblait pas avoir de limite!

Aaron était en retard. Ca lui arrivait souvent, ces temps-ci, car les réveils matinaux étaient de plus en plus difficiles. Mais ce n'était pas un jour comme les autres, on était dimanche, il avait donc une sacrée bonne excuse pour arriver si tard au Ministère. Ajouté à cela qu'il n'avait vraiment aucune envie de faire ce qu'il avait à faire aujourd'hui, il était presque étonnant que l'Auror débouche enfin dans la rue où se trouvait la fameuse cabine téléphonique.

Quelques jours plus tôt, le ministre de la Magie au nom imprononçable était venu faire un tour dans le bureau des Aurors et avait penché sa grosse tête par-dessus presque tous les boxes. Ils avaient tous subi d'étranges interrogatoires dont les questions portaient plus sur leur sang et leur volonté d'aider le nouvel ordre sorcier plutôt que sur la qualité de leur travail ou leur motivation. Aaron ne pensait pas avoir fait bonne impression, ce qui avait été confirmé un peu plus tard par une discussion houleuse avec le Chef des Aurors. Son cas était tellement désespéré, avait-il dit, qu'il lui confiait une tâche toute simple pour redorer un peu son blason. Officiellement, une petite entrevue avec McGonagall, rien de plus. Officieusement, de l'espionnage en règle et un maximum d'informations à soutirer sur Dumbledore et son Ordre farfelu.

Aaron savait pertinnement qu'il n'avait aucune chance de tirer quoi que ce soit de la vénérable sorcière, mais il avait acquiescé pour qu'on lui fiche la paix et envoyé sa lettre d'invitation polie mais formelle à son ex directrice de maison. Il verrait bien ce que cela donnerait.

C'est alors que ses pensées étaient exclusivement tournées vers son échec prochain que ses yeux tombèrent sur cette vision un peu incongrue. Minerva McGonagall était justement là, dans la cabine, avec à ses côtés la jeune Tonks, une de ses collègues - de qui on voulait aussi quelques informations, soit dit en passant. Ce n'était pas si étonnant en soi qu'elle prenne l'entrée des visiteurs, mais elle semblait décalée dans cette rue sordide. Au moins, ça prouvait qu'il n'était pas tant en retard que ça, et qu'ils allaient pouvoir éviter de s'enfoncer dans le Ministère corrompu pour leur petit entretien. Il se dirigea vers eux à pas lourds, content de ne pas avoir revêtu de robe de sorcier, mais de simples vêtements Moldus.

Arrivés tout près d'elles, à la porte de la cabine rouge, il toussota pour attirer leur attention. Ses yeux lagons examinèrent la vieille sorcière avec attention. Cela faisait si longtemps qu'il ne l'avait pas vu ! Une vingtaine d'années en fait, depuis son départ de Poudlard... Il n'avait jamais eu l'occasion de lui reparler depus, bien qu'ils se soient peut-être déjà recroisés, à l'occasion... Il avait oublié.

- " Mrs McGonagall... Je suis Aaron Millers, c'est moi qui vous ai envoyé cette lettre. Tonks." ajouta-t-il avec un bref salut de la tête. "Nous pourrions peut-être trouver un endroit tranquille pour parler ? Hors du Ministère, je veux dire."

Il détourna la tête pour regarder rapidement autour de lui. Les endroits tranquilles étaient légions dans cette partie de Londres, mais il voulait s'éloigner, de préférence. Avec un léger brin d'amertume, il se rendit compte qu'il aurait bien aimé préciser à McGonagall qu'ils avaient partagé leur appartenance à la plus noble des maisons de Poudard, pour qu'elle le reconnaisse, peut-être... Mais à quoi bon ? Ce temps-là était révolu et il n'avait plus grand chose du Aaron de Gryffondor que la sorcière avait mis en retenue de si nombreuses fois.

- " Tu as quelque chose d'urgent à faire au Ministère ?'" demanda-t-il soudain à Tonks. "Parce que sinon, tu peux venir avec nous."

Il n'ajouta rien d'autre, trouvant qu'il avait déjà assez parlé comme ça. Tentant vainement de rendre son visage un peu plus engageant, il s'écarte de la cabine pour inviter les deux sorcières à faire de même. Il pourrait ainsi faire d'une pierre, deux coups... ou pas, d'ailleurs.

"La prochaine réunion se tiendra mercredi, même heure, même endroit que d'habitude... Faites passer le mot autour de vous !"lui dit Tonks.

La sorcière acquiesça d'un signe de tête. Se rendre aux réunions de l'Ordre devenait de plus en plus difficile, avec toute la surveillance de Rogue, des Carrow et de leurs valets qui pesait sur elle. Elle tenait tout de même à s'y rendre, et devait pour cela user de stratagèmes à chaque fois plus élaborés et imaginatifs.

Minerva allait quitter la jeune Auror lorsque apparut un homme d'une trentaine d'années. Il était habillé en Moldu, mais sa présence dans cette rue ne pouvait être une coïncidence, se dit McGonagall. D'ailleurs un instant plus tard il se présenta :

"Mrs McGonagall... Je suis Aaron Millers, c'est moi qui vous ai envoyé cette lettre. Tonks." ajouta-t-il avec un bref salut de la tête. "Nous pourrions peut-être trouver un endroit tranquille pour parler ? Hors du Ministère, je veux dire."

Millers.... Millers... Année 1972, le jeune garçon est envoyé à Gryffondor... Minerva s'en souvenait parfaitement, d'abord parce qu'il était arrivé l'année après James Potter, Sirius Black, Remus Lupin et Peter Pettigrow, et ensuite parce que le vieux professeur se souvenait qu'elle n'avait jamais donnée autant de retenues qu'à cet élève là... Mais après réflexion, peut-être était il battu par les jumeaux Weasley...

Minerva se tira de ses pensées et répondit :

"Bien, je vous suis, vous m'expliquerez sur place les motifs de cette entrevue. Mais ne tardez pas, je dois être retournée à Poudlard pour le dîner !"

Puis elle hésita un instant, et finit par dire :

"Ainsi Mr Millers, vingt ans après vos derniers cours de métamorphose, vous voilà Auror ! Quelle belle carrière !"

Remarquant l'air étonné de son interlocuteur, elle reprit :

"Mais bien sûr que je me souviens de vous, Millers ! J'ai passé la moitié de vos sept années de scolarité à vous surveiller dans mon bureau, pendant vos retenues !"

Et elle lui adressa l'un de ses rares sourires. Cependant, si McGonagall était d'allure décontractée, elle restait l'esprit en alerte. Le jeune Gryffondor qu'elle avait connu aurait très bien pu céder aux menaces de Thickneese et changer de camp. Il se pourrait qu'il soit venu pour l'arrêter... ou du moins l'espionner.

Apparemment, les murs semblaient avoir des oreilles! Et de belles et grandes oreilles! Celles de l'auror Millers pour être exact! Tonks n'eut que le temps de voir Minerva hocher de la tête pour signaler qu'elle tenterait d'être presente à la prochaine réunion. La jeune auror savait qu'elles étaient aussi surveillés au Ministére qu'à Poudlard! Elles ne pouvaient pas faire un pas de travers sans avoir une armée de mangemorts affamés prêt à se jeter sur eux...
Les traîtres étaient partout, et ils ne pouvaient faire confiance à personne. Aussi, de voir Millers arriver ainsi pour demander une entrevue en privé avec Minerva, "loin des oreilles indiscrétes", faisait tiquer la jeune femme.

Il n'y avait pas trente-six solutions pour qu'il veuille la voir ainsi... Soit c'était pour une affaire qui concernait l'Ordre, mais Minerva lui en aurait parler, pratiquement tous les membres de l'Ordre qui faisaient partie du Ministére passaient par Tonks. Hors, elle n'avait jamais été mise au courant de quoi que ce soit. De plus, Minerva ne semblait pas l'avoir vu depuis des années! Mais que lui voulait-il alors?

Non loin l'idée que Minerva courait un quelconque danger avec lui non, Tonks avait déjà vu la puissance que pouvait dégager cette innocente petite dame au combat! Les apparences sont trompeuses, et cela s'appliquerait peut-être aussi à Millers!
Elle finit par le saluer briévement du même hochement de la tête:
"Millers..." Avant d'ajouter aprés avoir réfléchit quelques secondes: " Non non je n'ai rien à faire de particulier, et puis ça me fera du bien de faire un petit tour pour me changer les idées..."
Au moins, si Millers l'entraînait dans un piége ou dans une embuscade, Minerva pourrait compter sur elle!
Vigilance constante! Comme disait son mentor...